Géographie
Le territoire de Saint-Julien est situé en Médoc à 45 kilomètres de Bordeaux, au bord du vaste estuaire de la Gironde, dont les flots ont apporté, à l’ère quaternaire, les matériaux graveleux qui en constituent le terroir. La « Rivière » aujourd’hui commande très largement le microclimat local, apportant une douceur bien particulière dont la vigne sait profiter pour mûrir ses raisins. Au Sud, ce sont des marais, impropres à la vigne, qui limitent Saint-Julien, draînés par la jalle dite du Nord. Au Nord, le ruisseau de Juillac est la limite avec Pauillac, à l’Ouest le ruisseau du Riou la « frontière » avec la commune de Saint-Laurent. A l’Est, une bande d’alluvions argileuses plus récentes que les graves les sépare de l’estuaire. Les masses de graves déposées par la rivière ont été au cours des millénaires façonnées par l’érosion du vent et des cours d’eau, découpant une série de croupes sur lesquelles s’étale le vignoble. Une étude très complète est téléchargeable en bas de page. Elle détaille la mise en place des terroirs de Saint-Julien, la topographie actuelle et la diversité des sols aujourd’hui. Le terme générique de « graves » recouvre en réalité une grande diversité de profils, garante de la complexité aromatique des vins assemblés sur chaque domaine.
Vignoble
Le vignoble couvre 920 hectares, exploités par 24 producteurs. Saint-Julien est la plus petite des quatre appellations communales médocaines du « bord de la rivière ». Margaux au Sud, Pauillac et Saint-Estèphe au Nord sont plus vastes. La haute qualité des vins produits ici a permis à 11 propriétés d’être élevées au rang de Crus Classés en 1855 lors de l’Exposition Universelle de Paris. Elles exploitent près de 85% de la surface du vignoble. Si l’on trouve des traces de vignoble à Saint-Julien dès le XIIIème siècle, c’est véritablement au XVIIème siècle que des domaines viticoles se développent. Des bourgeois et aristocrates, locaux et bordelais, achètent des terres pour y construire de grandes unités. La structure foncière actuelle, où les grands châteaux prédominent, doit beaucoup à ces origines. Le vignoble, originellement situé autour des bourgs de Saint-Julien au Nord et de Beychevelle au Sud, s’étend vers l’ouest du territoire communal au cours du XVIIIème puis du XIXème siècle. La rivière, voie de circulation des vins, a grandement contribué, avant l’essor vers 1870 du chemin de fer, au développement commercial du vignoble.
Cépages
A Saint-Julien, le cépage majoritaire est le cabernet-sauvignon. Les sols de cailloux, pauvres, bien draînés, qui se réchauffent vite et gardent leur chaleur, lui permettent une maturité accomplie. La palette aromatique du cabernet-sauvignon, faite de fruits noirs, d’épices, est d’une grande richesse, qui s’élargit encore au vieillissement. Le cabernet-sauvignon est l’ossature de nos vins, leur apportant densité et profondeur tannique, structure en bouche et fraîcheur, avec une grande finesse de grain. Le cépage Merlot vient, en proportion variable selon le choix du domaine, apporter sa rondeur et son charnu gourmand, ses arômes mûrs parfois un peu plus lourds. Petit verdot ou cabernet franc peuvent, également, compléter les assemblages de leurs notes épicées ou florales, de leur texture dense ou plus fine.
Dégustation
Décrivant le style général des vins produits à Saint-Julien, les spécialistes y voient souvent un équilibre parfait entre la finesse féminine qu’ils trouvent aux vins de Margaux et la force plus corsée qu’ils voient dans les Pauillac. Chacun des vins de Saint-Julien cependant cultive son propre style, élaboré par les hommes qui, depuis des siècles, essaient d’exprimer la terre qui leur a été confiée. Mais tous ont en partage un bouquet inégalable, fin, suave et harmonieux, une charpente séveuse, mais fraîche, équilibrée et élégante. Ils réserveront, à ceux qui auront su attendre, une complexité et une finesse uniques.